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L'association de la généalogie juive
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par Micheline Gutmann
Mon père, ce héros
au caractère si sérieux
et à l'humour acéré, a laissé sur terre bien peu de
choses à ses propres yeux mais beaucoup dans l'esprit de ses enfants. Né en décembre 1907, Robert, fils aîné
de Joseph et d'Adèle Marcus, rapportera tout de suite d'excellents bulletins
scolaires. Lorsqu'il eut dix ans, son institutrice convoqua ses parents afin de
les inciter à l'inscrire en 6e en leur disant que leur fils était
exceptionnellement doué et devrait faire des études supérieures.
Fiers mais embarrassés par les conséquences financières que
cela pouvait entraîner, mes grands-parents soutinrent cependant leur fils.
En 1929, il intégrera l'Ecole centrale des Arts et Manufactures et en sortira en 1931 en pleine crise économique. Passionné de radio, qui en était à ses débuts, il inventera un procédé technique permettant d'éliminer les parasites à la réception. Mais la crise est telle qu'il n'arrive pas à se faire une situation dans le domaine qui l'attire. Il se marie en 1935 avec une cousine issue de germain. En attendant que l'environnement économique s'améliore, il aide son épouse qui a hérité d'un commerce de fourrures trop lourd à gérer pour elle.
Quelques années tranquilles, d'après les photos
on pourrait dire de bonheur, vont s'écouler. Mais un fou furieux arrive
qui va mettre le monde à feu et à sang. Il va donc être rappelé immédiatement lors de la mobilisation générale le 1.9.1939.
Mon père savait ce qu'une défaite pouvait apporter de malheur à la France en général et aux Juifs en particulier. Sa motivation a été forte et explique l'acharnement avec lequel il se bat malheureusement mal encadré, mal suivi. Pas d'équipement suffisant, chefs lamentables.
Son témoignage sur cette période, donné avec une totale objectivité, a un grand intérêt historique. Nous vous invitons à le lire dans le chapitre suivant. Les
armées françaises sont encerclées, Robert Marcus a combattu
jusqu'à la dernière minute mais il doit se rendre dans le petit
bois de Chaouilley au sud de Nancy.
Pendant
ce temps, son épouse, les jumelles et le nouveau-né ont fui Paris
sur les routes encombrées, avec le minimum nécessaire, laissant
l'appartement parisien qui a été par la suite complètement
vidé et occupé par des collabos. De même pour le magasin de
fourrures. Le
camp de Lübeck a failli être passé au lance-flammes avec tous
ses prisonniers si l'ordre de Hitler avait été suivi. Heureusement,
les allemands sentant arriver leurs ennemis et ayant peur pour eux de leur réaction,
n'ont pas osé exécuter l'ordre. Dans ses camps de prisonniers, Robert a suivi des cours de bridge et enseigné les maths, de la physique en particulier l'électricité. Mais comment se tenir au courant de la science qui a avancé à grands pas pendant ce temps ? A son retour, il n'a plus eu qu'à retrouver le commerce qui ne lui plaisait pas mais lui permettait de gagner sa vie et celle de sa famille.
Nous passerons sur les problèmes de santé, ceux de sa femme puis les siens, qui ont gâché leur vie à partir de 1950. Ils sont décédés à quelques mois d'intervalle en 1977 et 1978. Cependant, un évènement heureux : Micheline se marie en 1961.
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