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L'association de la généalogie juive
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Par Micheline Gutmann
Il y a un siècle, en janvier 1910, ce ne fut pas la neige mais les eaux de la Seine qui recouvrirent les rues de Paris. L’évènement fut presque familial tant nous en avons entendu parler par nos parents et grands-parents. Mon père répéta maintes fois « J’avais deux ans, ma mère m’a pris dans ses bras et de la fenêtre de la cuisine, elle me montra l’eau qui recouvrait tout alentour et me dit : Regarde bien, souviens-toi pour toute ta vie ! Et toute ma vie, j’ai gardé l’image dans ma tête ».
Deux causes simultanées provoquèrent la catastrophe. D’une part, bien entendu, les pluies importantes tombées les derniers jours qui grossirent la Seine et la Marne. Mais, fait beaucoup moins connu, il y avait des travaux de réfection en cours afin de refaire le muret qui bordait la Seine dans le 16e arrondissement à la hauteur de Passy. Et pendant quelques jours, il n’y avait aucun mur, aucun barrage à l’écoulement de la Seine qui s’est vidée dans Paris en commençant à cet endroit. Voilà pourquoi la rue Félicien David fut la première inondée. Le 27 janvier, c’est la catastrophe. La pointe de la barbe du Zouave du Pont de l’Alma trempait dans l’eau.
La Seine s’est ruée en trombe dans les couloirs du métropolitain. Certaines stations deviendront des lacs souterrains. Rapidement l’avenue Ledru Rollin est recouverte de deux mètres d’eau, la voûte du chemin de fer d’Orléans s’écroule, l’eau monte de 5cm par heure. On navigue place Maubert. Les chevaux du Jardin des plantes ont de l’eau jusqu’au poitrail, les animaux sont évacués. Les usines rejettent les ordures dans la Seine, c’est-à-dire dans les rues de Paris.
La vie des fonctionnaires continue, les employés de l’octroi arrêtent les barques pour faire payer pour les marchandises transportées. Partout, on renforce les parapets souvent en vain. Aux Champs-Elysées, un attelage disparaît dans une crevasse, les rues s’affaissent dans de nombreux endroits, des pavés disparaissent dans les sous-sols face à la gare Saint-Lazare.
Les Académiciens se rendent en barque à l’Institut, le Président de la République est obligé de prendre un repas froid.C’est vers 20 heures que l’eau commença à baisser.
Parmi les sources : « L’Almanach de l’Histoire » par André Castelot.
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