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Le labyrinthe du silenceFilm - Allemagne, 2015 - Réalisé par Giulio RicciarelliAvec : Alexander Fehling, André Szymanski, Gert Voss, Johan von BülowPar Caroline GUTMANN GUILLOTSi nous gardons tous en mémoire le très médiatique procès de Nuremberg intenté par les alliés contre vingt-quatre des principaux responsables du 3e Reich et une poignée de nazis en 1945/46, peu d’entre nous ont eu connaissance du procès dont il est question dans le film « Le labyrinthe du silence » : celui de Francfort, également appelé « Le second procès d’Auschwitz » ouvert en 1963 (pour une durée de vingt mois). A noter que ce sera la première fois que des Allemands coupables d’avoir participé à l’Holocauste seront jugés sur leur propre sol par la justice allemande. En 1958, un jeune procureur promis à une belle carrière, Johann Radmann, découvre des documents qui retiennent immédiatement son attention ; ces pièces essentielles portent sur des crimes commis par d’anciens officiers SS au sein du camp d’Auschwitz. C’est un coup de poing à l’estomac pour ce jeune homme. Prenant de nombreux risques, il va entreprendre une très longue enquête, un chemin semé d’embûches car il lui faudra affronter ceux qui veulent oublier le passé. Et pire encore, ceux qui le nient. Tous semblent impliqués dans cette Histoire que l’on veut étouffer. Les tortionnaires, les criminels d’Auschwitz coulent alors des jours heureux ; certains sont devenus de braves boulangers, d’autres ont été gentiment réintégrés dans l’administration, l’un d’entre eux est même directeur d’école après avoir fait assassiner des enfants dans les camps. Enfin, certains ont choisi la fuite, en Amérique du Sud ; Josef Mengele, le bon « oncle Mengele » comme il aimait à se faire appeler sur l’unique terrain de jeux du camp par les enfants qu’il envoyait peu après au four crématoire, en fait partie. Le personnage de Radmann est complexe : au départ, tout est blanc ou noir. Il se pose bientôt en justicier obsessionnel. Mais une question est posée et celle-ci va le déstabiliser (ainsi que nous, spectateurs) : « Est-ce vraiment utile que tous les jeunes Allemands se demandent si leur père est un meurtrier ? » . Le procureur (il s’agit en réalité d’un trio de procureurs) va néanmoins poursuivre son enquête pour aller au bout de la voie qu’il s’est choisie. Avec une infinie délicatesse, le réalisateur du film choisit de faire déposer les rescapés du camp sur un fond de musique ; ces témoins avaient, pour la plupart, tu leurs souffrances jusque-là. Il n’est point nécessaire d’entendre leurs mots. Leur douleur transparaît sur leur visage ou se reflète sur celui du procureur ou de la sténographe. Une séquence particulièrement émouvante… Le film s’arrête avec le démarrage du procès de Francfort. Ce qui ressortira de cette affaire n’est pas spectaculaire. Le procès sera même considéré comme un échec. En effet, les tortionnaires du camp jugés sont tellement dépeints comme des monstres par la presse que le peuple allemand considère qu’il ne s’agit qu’un groupuscule de criminels complètement dérangés et que seul ce petit nombre d’individus avait été coupable. Le reste de la population allemande était sans nul doute « normal ». Plus grave encore, il a été dit dans ce procès que ces crimes ne pouvaient être punis puisqu’ils n’étaient que l’application d’ordres reçus… Oui, vous avez bien lu : les SS d’Auschwitz ont dû agir sous la contrainte. Le résultat du jugement ? Des acquittements, des relaxations, de courtes peines d’emprisonnement et quelques rares emprisonnements à vie. En 1977, un procès complémentaire se tiendra de nouveau à Francfort. Il n’impliquera que deux membres de la SS… Ce film manquait vraiment dans la longue liste des œuvres commémorant ou relatant des épisodes de la deuxième guerre mondiale. Traité avec intelligence et sensibilité, sans manichéisme, ce film est à voir impérativement. Sorti depuis quelques semaines en France, on peut encore le découvrir dans bien des salles ou attendre le DVD qui suivra d’ici quelques mois. Le professeur d’allemand de mon fils aîné a emmené ses élèves de première et terminale le voir en version originale sous-titrée. Je suis moi-même allée le voir avec mon cadet. Chacun a su apprécier. Michel GOLDSCHMIDT fait remarquer que la co-scénariste du film Elisabeth BARTEL a pour mère Brigitte GOLDSCHMIDT, une cousine, car ils ont un ancêtre commun : Hermann Bénédict Hayum GOLDCHMIDT, né le 29/12/1831 à Francfort |
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