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L'association de la généalogie juive
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La première bataille de la Marne s'est déroulée du 5 au 12 septembre 1914. Une autre, qui sera présentée plus tard sur ce site, a principalement eu lieu du 18 juillet au 6 août 1918.
Dès le début des hostilités, les Allemands mettent en place le plan Schlieffen-Moltke. Du 7 au 23 août, leurs troupes attaquent
en Haute-Alsace, sur le plateau lorrain, dans les Ardennes belges et le sillon Sambre-et-Meuse. Elles sont dirigées par
le général Helmuth von Moltke. C'est la bataille des Frontières. Dominées numériquement et en danger d'être contournées
par le flanc, les forces franco-britanniques, enfoncées de toutes parts, sont contraintes de se replier.
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Le commandant en chef des troupes françaises, le général Joseph Joffre, prend des sanctions contre ses subordonnés qu'il
juge responsables des défaites successives. Il limoge une cinquantaine de généraux et officiers supérieurs entre le 10 août
et le 6 septembre. Il donne l'ordre d'opérer des contre-attaques localisées pour retarder l'armée allemande et permettre aux
arrières de se reconstituer. Le 2 septembre, il annonce son projet de rétablissement le long de la Seine et de l'Aube.
De nouvelles divisions sont amenées en renfort pour colmater les brèches avec le Corps expéditionnaire britannique,
commandé par le field-marshall sir John French.
Les Allemands, de leur côté, décident de marcher sur Paris et Verdun. Le 30 août, la Ville Lumière subit le premier
bombardement aérien de son histoire, faisant deux morts. Le monoplan largue aussi une banderole : "Parisiens, rendez-vous !
Les Allemands sont à votre porte !" Mais, le même jour, la Ire Armée allemande, répondant à l'appel de la IIe Armée attaquée
à Guise, se déroute vers le sud-est. Le 3 septembre, deux aviateurs français découvrent que l'ennemi ne se dirige plus vers
la capitale. Ils informent immédiatement le lieutenant-colonel Alfred Dreyfus, qui leur demande de prévenir l'état-major.
Le lendemain, le général Joseph Galliéni, gouverneur militaire de Paris depuis le départ du Gouvernement pour Bordeaux,
donne l'ordre à la 6e Armée française alors sous ses ordres de se diriger vers l'est, entre l'Ourcq et la Marne. Le même
soir, Joffre prévient l'ensemble des troupes de se préparer à faire front. Le 5 au matin, il ordonne à la 3e Armée d'attaquer
le flanc gauche des forces ennemies, qui se trouvent à l'ouest de l'Argonne. La bataille de la Marne est lancée !
Les combats ont lieu sur un arc-de-cercle de 225 km, de Paris à l'ouest jusqu'à Verdun à l'est, à travers la Brie,
la Champagne et l'Argonne. La bataille de la Marne va se jouer, en réalité, sur cinq zones :
la bataille de l'Ourcq (5 au 10 septembre) : la 6e Armée française est commandée par le général Michel Maunoury.
Avec une partie des troupes anglaises, elle fait face à la Ire Armée allemande, sous les ordres du général Alexander
von Kluck, et la IIe Armée, sous les ordres du général Karl von Bülow.
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la bataille des Deux Morins (5 au 9 septembre) : sous le commandement du général Louis Franchet d'Esperey et
du field-marshall French, la 5e Armée française et les troupes britanniques sont opposées aux soldats de von Kluck
et von Bülow. La IIe Armée allemande, bien qu'en position de remporter un triomphe, reçoit l'ordre de se replier
vers l'Aisne, une brèche ayant été créée par le Corps expéditionnaire anglais entre elle et la Ire Armée.
Son retrait inespéré entraîne le repli de toutes les troupes allemandes et offre la victoire aux Français et aux Britanniques.
la bataille des Marais de Saint-Gond (5 au 9 septembre) : elle oppose la 9e Armée française, dirigée par le général Ferdinand Foch,
à l'aile droite de l'armée de von Bülow et à l'aile gauche de la IIIe Armée du général Max von Hausen. Durant quatre jours, des combats
particulièrement violents se succèdent. Mais, le 9 dans l'après-midi, les Allemands amorcent leur repli. Cette bataille a eu un rôle
primordial dans la victoire : la résistance de la 9e Armée a permis d'éviter la rupture du dispositif français et d'immobiliser
d'importantes troupes allemandes, permettant à la 5e Armée et au Corps expéditionnaire britannique d'exploiter la brèche entre
les Ie et IIe Armées allemandes.
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la bataille de Vitry (6 au 10 septembre) : aux alentours de Vitry-le-François, la 4e Armée française, commandée par
le général Fernand de Langle de Cary, doit affronter l'aile droite de la IVe Armée du duc Albert de Wurtemberg et l'aile
gauche des troupes de von Hausen. Durant quatre jours, les combats font rage sans gains territoriaux. A partir du 8, un
mouvement d'enveloppement de la IVe Armée allemande amène son chef à ordonner le repli.
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la bataille de Revigny (6 au 10 septembre) : malgré plusieurs journées de combats sanglants, la Ve Armée du Kronprinz Guillaume de Prusse, secondée par des troupes de la IVe Armée, ne parvient pas à rompre le front défendu par la 3e Armée du général Maurice Sarrail, renforcée d'éléments de la 4e Armée.
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Les Allemands s'approchant de Paris, l'état-major français cherche une solution rapide pour réaliser un mouvement tournant avec des
troupes fraîches. Il tente de réquisitionner des trains, mais les réseaux ferroviaires autour de la capitale sont désorganisés.
Les généraux Galliéni et Clergerie, ainsi que le comte André Colonna Walewski, petit-fils de Napoléon et de Rachel Félix (voir GenAmi 39),
et fondateur de la Compagnie française des automobiles de place, ont l'idée de mobiliser des taxis parisiens et quelques autocars.
Le 6 septembre dans la nuit, 600 véhicules quittent les Invalides pour Livry-Gargan. Le lendemain, 700 autres se rendent à Gagny.
Ils chargent les fantassins de la 7e division d'infanterie pour les emmener en renfort au général Maunoury, sur l'Ourcq.
C'est la première opération de transport de troupes motorisées de l'Histoire.
Bien que le mythe soit tenace, le rôle des taxis n'a pas été déterminant et n'a certainement pas permis de renverser le
cours de la première bataille de la Marne. Ils ont transporté 4 000 hommes (nombre dérisoire par rapport aux effectifs
mobilisés sur place) épuisés après de précédents engagements et dont les rangs ont été clairsemés, ce qui a obligé de
les combler par des réservistes. En revanche, la portée psychologique sur la population est énorme, l'épopée devenant
très rapidement un symbole d'unité et de solidarité nationale. La presse s'en est fait le principal écho, mais les
chauffeurs rentrés du front y ont aussi largement contribué en racontant à leurs clients, probablement pendant longtemps,
"leur" bataille de la Marne.
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Selon le mot du sous-lieutenant de cavalerie René Chambe, qui deviendra plus tard général, "ce fut une bataille gagnée mais une victoire perdue". En effet, dès le 13 septembre l'aile droite allemande s'installe sur les rives de l'Aisne, d'où les Français et les Anglais, trop épuisés, n'arrivent pas à les déloger. Cette partie du front se stabilise et les soldats s'enterrent dans des tranchées. Par la suite, les bélligérants mèneront des tentatives mutuelles d'enveloppement qui les mèneront jusqu'à la mer du Nord, lors de combats appelés "la course à la mer" (de septembre à novembre 1914). 1 082 000 Français et Britanniques se sont retrouvés face à 900 000 Allemands. Les pertes sont très élevées :
21 000 morts, 84 000 disparus et 122 000 blessés chez les Français
3 000 morts, 4 000 disparus et 37 000 blessés chez les Anglais
43 000 morts, 40 000 disparus et 173 000 blessés chez les Allemands
Si les soldats des deux camps ont pu écrire à leurs familles "Nous serons de retour pour Noël", personne ne sait encore qu'il leur faudra attendre quatre années de plus pour que ça se réalise !
Illustrations : Internet (Wikipedia)
"La Grande guerre", Pierre Miquel (Librairie Arthème Fayard, 1983)
www.herodote.net : "6 septembre 1914, la contre-offensive de la Marne"
www.mondement1914.asso.fr : "La Première bataille de la Marne, 5-12 septembre 1914"
www.chtimiste.com : "La Bataille de la Marne, 6 au 13 septembre 1914"
www.histoire-image.org : "Les taxis de la Marne", article d'Alban Sumpf